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Le pin de Salzmann



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Le pin de Salzmann, Pinus nigra salzmannii pour les savants, a été décrit en 1800 par un botaniste allemand résidant à Montpellier. Ce petit arbre, venant du fond des temps, s'appelle aussi pin des Cévennes, car c'est une relique de la forêt originelle de cette région.

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Histoire de la chose :

Il y a beaucoup d'années environ, à la fin de l'ère tertiaire, Pinus nigra, c'est à dire le Pin noir, décida de se diversifier.

Sitôt dit, sitôt fait, et la différentiation commença, donnant naissance à ce qui fait maintenant la joie des taxinomistes qui tentent de reconstituer toute cette histoire, qui n'est pas simple, car de nombreuses sous-espèces se sont individualisées.

De plus, peu d'études ont été faites sur les marqueurs permettant à la fois la distinction intra-spécifique et la reconstitution chronologique (index morphologiques, caractères biochimiques : terpènes, polyphénols, isoenzymes). Tout cela est d'autant moins simple que la taxinomie n'est pas encore tout à fait fixée... et que les diverses sous-espèces peuvent évidemment s'hybrider.

Le complexe Pinus nigra se rencontre de l'Espagne à la Turquie en passant par le Maghreb, sa limite nord étant représentée par l'Autriche.

Tous ces arbres sont caractérisés par leur robustesse et leur frugalité et certains ont été largement utilisés par les forestiers pour des peuplements de rapport: en France, essentiellement le pin noir d'Autriche (surtout en milieu calcaire), le pin Laricio de Corse et à un moindre degré, le pin de Calabre .

Dans les Cévennes, seule la sous-espèce salzmannii est autochtone, les autres variétés du complexe pin noir ayant été introduites récemment.

Notre pin de Salzmann, extrêmement frugal (encore plus que le Laricio de Corse, parfois confondu avec lui), est capable de pousser, lentement certes, mais sûrement, sur des substrats arides et pauvres, où il est pratiquement sans concurrence.

C'est sur ces biotopes particulièrement hostiles, où il prend sa morphologie typique de petit arbre tordu à port tabulaire, qu'il a pu se maintenir depuis la fin du tertiaire, ayant été éliminé ailleurs par des espèces à croissance plus rapide comme les chênes par exemple.

Ce sont ces biotopes là, reliques de ces temps reculés, qui, sous Malbosc, ont permis la survie de cet arbre. L'agriculture est venue, et avec elle l'élimination d'une grande partie des forêts, puis la déprise agricole, avec recolonisation spontanée ou provoquée des espaces précédemment défrichés.

Notre pin de Salzmann en profite alors pour créer quelques peuplements secondaires (et donc récents à l'échelle de l'évolution) comme celui du col de la Matte, qui aurait une centaine d'année.

Certains forestiers ayant, de plus, fait des erreurs d'identification, ont vendu des graines de pins de Salzmann sous l'appellation Laricio de Corse, créant ainsi une troisième catégorie d'expansion du Salzmann : le repeuplement volontaire-involontaire...

Ces populations-là, récentes, se retrouvent en terrains beaucoup plus accueillants (et bénéficient d'une intervention humaine réduisant la concurrence) et prennent alors une forme toute différente de celle de nos petits arbres magiques : grands fûts droits, perte de l'aspect tabulaire de la cime, croissance lente, mais tout de même plus rapide que dans la version originale non sous-titrée.

C'est un bel arbre au bois lourd et solide apprécié des forestiers peu pressés.

Dans ces conditions, et sans notion de l'âge de l'arbre, il est très difficile de distinguer un pin de Salzmann d'un Laricio de Corse et on se base sur la couleur du rameau de l'année, la forme des pommes et autres subtilités, démoniaques pour tous ceux qui se promènent en forêt sans leur matériel de chromatographie des terpènes et des flavonoïdes (cela arrive, mais si, mais si).

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GLOSSAIRE :

Taxinomie : science de la classification. on dit aussi taxonomie. Les taxinomistes, individus traditionnellement souffreteux, au crâne chauve et aux grosses lunettes, ne sortent des bibliothèques que pour arpenter la campagne le nez au raz des pâquerettes. On les distingue des sangliers au fait qu'ils sont munis d'une grosse loupe.

Terpènes, flavonoïdes, isoenzymes : insultes qu'aiment à se lancer à la tête (chauve) les taxinomistes (voir ci-dessus). Accessoirement, ces termes servent aussi à désigner des classes de molécules, dans certains milieux socio-professionnels bizarres.

Montpellier : ville des Cévennes.

Espagne : province des Cévennes…

Turquie : loin…

Tabulaire : dont la vaste expansion horizonto-latérale ne s'accompagne pas de mouvement de croissance inféro-supérieure. Alors, ça fait comme une table, quoi.

Biotope : de bios, la vie, et tope, petit animal fouisseur bien connu. Ce terme désigne donc la folle intensité de la vie souterraine, ou quelque chose comme ça.

Président de Cèze & Ganière : individu patibulaire, muni d'un entonnoir et d'une camisole, qui vient juste de faire irruption dans la piè_________



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Date de création : 05/07/2009 @ 03:07
Dernière modification : 29/01/2017 @ 19:11
Catégorie : Thèmes


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